Magazine DSI HS

La 27e brigade d’infanterie de montagne préserve ses fondamentaux

Chasseurs alpins du 7e BCA lors de l’exercice. Entre l’opération « Sentinelle » et les opérations extérieures, le temps d’entraînement est compté. Toute occasion est saisie pour rentabiliser au maximum les phases de combat qu’on leur offre. L’adaptation humaine, matérielle et technique au milieu montagneux requiert un long et constant apprentissage. (© V. Sartini/Areion)
Mi-novembre 2015, dans les Alpes, nous avons suivi une bonne partie de la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM) pour l’exercice annuel « Cerces » (1). Interarmes, interarmées et interallié, cet entraînement est l’un des plus complets effectués par ces troupes françaises aguerries au combat en montagne. L’occasion de mieux comprendre leur savoir-­faire, reconnu pour être le meilleur au monde.

Col du Galibier, 2 550 m. Cette fois-ci, ce ne sont plus les cyclistes du Tour de France et leurs groupies qui occupent la route sinueuse qui conduit au col depuis le village de Valloire. La montagne appartient cette semaine à la 27e BIM qui vient s’y entraîner pour l’exercice annuel « Cerces ». En ce mois « creux » de novembre, et alors que la neige n’est cette année pas encore tombée, les habitants de la vallée sont ravis. Dans l’unique bar de Valloire ouvert en cette saison, on ne parle que de cela. Les routes et creux de vallées sont occupés çà et là par des blindés, des mortiers, des campements. Et des détonations sourdes résonnent tout au long de la journée. Il y a du mouvement.

Des moyens importants
Conduit depuis une vingtaine d’années, cet exercice est assez peu connu. Il engage pourtant des moyens tout à fait considérables. Initialement, il s’agissait de profiter de ce grand champ de tir des Alpes en « terrain libre » (2) (ce qui est assez inédit en France) pour un exercice d’artillerie de montagne. Rapidement, le commandement a souhaité tirer parti de cette mobilisation pour y adjoindre des blindés, puis des fantassins. « L’idée était que le fantassin voie les canons tirer et les obus tomber  », explique le général Benoît Houssay, commandant la 27e BIM. La manœuvre en montagne se conçoit en effet en interarmes, chaque régiment de la brigade ayant cette spécificité montagne, celle qui permet de s’affranchir des reliefs, de manœuvrer par les hauts, de les tenir pour contrôler les bas. La guerre en montagne se fait sur des objectifs qui ne sont presque jamais des sommets, mais plutôt des vallées, des axes, des villes dominées par du relief. Pour atteindre l’objectif militaire, « il faut agir sur ce relief  », insiste‑t‑il.
Aussi l’exercice est-il devenu au fil des années interarmes, puis interarmées (huit avions de chasse y étaient engagés cette année), enfin interallié puisqu’une poignée d’Alpini italiens, de commandos anglais, de Néerlandais et de Roumains, tous spécialistes de l’appui aérien, y participaient.
Le général Houssay – qui nous accueille dans le poste militaire de montagne du col du Télégraphe, le camp de base – ne cache pas que la programmation des exercices de l’année 2015 a été complètement bouleversée par l’opération « Sentinelle ». En janvier 2015, la brigade, qui n’était pas déployée en OPEX, a alors fourni le principal « réservoir » d’hommes, en projetant jusqu’à 1 500, d’un seul coup. Aujourd’hui, « les choses se calment un peu  », explique-t‑il, « seuls  » 800 hommes de la brigade sont encore mobilisés pour « Sentinelle ». Le cycle de projection aidant, en janvier 2016, la brigade ne devrait plus compter que trois ou quatre unités à 60 hommes déployées, car son tour OPEX arrive à l’été 2016. C’est donc un cycle d’entraînement intense qui attend ces alpins pour démarrer l’année. Et, bien évidemment, cela les satisfait. Nous n’avons cependant trouvé personne pour se plaindre ouvertement de la mission « Sentinelle », pourtant très statique (3), en grande partie parisienne, là où ces alpins habitués aux reliefs apprennent inlassablement à générer de l’incertitude, à être là où on ne les attend pas, à s’affranchir des obstacles du terrain…
Le général Houssay insiste : « Le plus important pour disposer de la capacité “troupes de montagne”, ce sont les hommes  […] Si cette année, en raison de “Sentinelle” nous avons été un peu dans l’embarras en restreignant l’entraînement collectif, nous avons souhaité préserver l’entraînement individuel, c’est-à‑dire les fondamentaux, car très rapidement, en deux ou trois ans, on peut perdre cette compétence. » C’est pour cette raison qu’ils ont tenu à former encore plus de cadres que l’année précédente à l’EMHM (4) (École Militaire de Haute Montagne), car « tant que les officiers et sous-­officiers sont formés, on peut relancer la machine », précise-t‑il. Elle est précieuse, cette EMHM. Créée en 1932 à Chamonix, première école militaire de montagne au monde, à en croire le général, elle est la clé de voûte de la brigade. Car la « spécificité montagne » se traduit avant tout par de l’entraînement et de la formation technique et tactique, « pour que la montagne ne soit plus un obstacle, mais au contraire, une opportunité tactique  ».
Bien entendu, les équipements ont leur importance. En dehors des équipements individuels (skis, chaussures de marche, baudriers, tenue, etc.), auxquels le commandement apporte une attention particulière en les modernisant régulièrement, la brigade dispose des fameux VBHM (Véhicule Blindé Haute Mobilité) (5), destinés au transport de personnels et d’équipements à travers tous les types de terrains. Ils sont constitués de deux modules chenillés, connectés et articulés l’un à l’autre au moyen d’un système de direction spécifique : horizontal pour assurer la direction du véhicule et vertical pour suivre les évolutions du terrain. La brigade dispose à ce jour de 27 VBHM. C’est peu, mais elle s’en accommode. À noter que le 21e RIMa en possède aussi un nombre équivalent, puisque ces engins sont également amphibies (6). En cas de besoin, les véhicules répartis entre ces unités pourraient être regroupés.
Pour ce qui concerne les armements, rien de bien différent par rapport aux unités classiques. Le 93e Régiment d’Artillerie de Montagne (93e RAM) dispose de mortiers de 120 mm, de canons automoteurs CAESAR (155 mm) qui ont remplacé les canons tractés, forcément plus intéressants pour « passer » un col. Les armes individuelles, elles aussi, se retrouvent dans tous les régiments d’infanterie. En revanche, le tir en montagne, qu’il soit d’artillerie ou de courte portée, nécessite un savoir-­faire bien précis. C’est là-dessus que toute l’attention est portée. D’un point de vue technique, il s’agit d’abord de maîtriser tout à la fois les techniques balistiques liées aux différences d’altitude importantes entre les lanceurs d’une même entité (section, batterie ou régiment), le tir vertical, les contraintes liées aux zones « masquées », les risques liés à l’écrêtement et le danger des ricochets dans les vallées.

Retour sur l’exercice
Les sommets sont tenus par les fantassins des différents bataillons de chasseurs alpins tandis que l’artillerie appuie la progression des hommes, elle-même aidée par les observateurs avancés. Plus de 200 hommes du 93e RAM sont présents ainsi que 70 véhicules et matériels tactiques (VBHM, CAESAR, plusieurs batteries de mortiers de 120 mm), 500 vraies munitions d’artillerie pour la semaine (« C’est beaucoup !  », explique le chef du BOI (7)). De plus, deux Gazelle de l’ALAT (pour l’appui au contact des troupes au sol et la sécurité de l’exercice) tournent au-dessus, et huit avions de chasse passent régulièrement.
À intervalles réguliers, les détonations sourdes résonnent. Pour comprendre, il faut « grimper », enfin, monter à pied et suivre ces hommes que rien n’arrête… La montagne impose ses propres règles, on le comprend vite. C’est un milieu dans lequel on ne triche pas et, du fait du confinement, les unités doivent travailler de manière fractionnée, les chefs sont habitués à l’autonomie de décision. Nous sommes au Mottet, à 2 000 m d’altitude, sur une position de tir de l’infanterie. Après avoir accédé au plus haut à bord d’un VAC (Véhicule Articulé Chenillé, le prédécesseur du VBHM), il nous faut marcher encore trente minutes pour atteindre cette petite crête sur laquelle se trouve une section de combat du 7e Bataillon de chasseurs alpins (7e BCA). Ils ont marché toute la nuit pour s’infiltrer et atteindre ce sommet, duquel ils ont une parfaite vision de la zone qui a été préalablement « traitée » par l’artillerie. À eux désormais d’appliquer les tirs à courte distance afin de pouvoir, à l’issue de l’attaque, « tenir le terrain ». Un peu plus loin, une équipe italienne d’observateurs est en lien avec les batteries de CAESAR, installées plus bas dans la vallée.
Le colonel de Camaret, chef de corps du 93e RAM, insiste sur l’entraînement physique de ses hommes. Les artilleurs de l’avant (les observateurs avancés qui ont pour fonction de donner les coordonnées de tir aux équipes de pièces et d’observer l’arrivée des coups, ou bien les contrôleurs aériens avances, qui guident les avions) ont des équipements lourds. Ils doivent toutefois être capables de monter souvent très haut (3 000 m) pour s’affranchir des « masques » du relief. En fonction du terrain, cela se fera soit en véhicule à roues ou à chaînes, soit à ski, soit à pied pour toujours « surprendre, être capable de faire plus que l’ennemi. Attendre, l’observer du meilleur angle, le laisser venir, tirer…  », explique-t‑il. Une contrainte à prendre en compte, car c’est souvent l’acquisition des objectifs qui demande le plus d’effort.
Sur un autre piton, un groupe de commando montagne (8) du 7e BCA s’entraîne au tir longue distance (1 100 m), profitant de ce champ de tir en montagne pour s’entraîner en altitude, laquelle influe sur le tir. Chaque tireur est flanqué de son « spotter » qui identifie pour lui l’ennemi, au moyen de ses jumelles au grossissement de 60. Il effectue tous les calculs (prise en compte du vent, de la température, de l’altitude) et donne ainsi les coordonnées précises du tir au tireur, observe l’impact et corrige le tireur, s’il le faut. Ils sont hyper concentrés. Le sergent-­chef « Olive », attendant son tour, en profite pour nous raconter « son » Afghanistan. Leur quotidien « dense » avec des missions tous les deux jours en moyenne. Il s’agissait de sécuriser les axes de ravitaillement et de faire du contrôle de zone. Toujours par les hauts. « On voyait vraiment les insurgés, la façon qu’ils avaient de se mettre en place  », raconte‑t‑il.

Celui qui l’emporte, c’est celui qui manœuvre
Unité d’infanterie légère, la brigade n’est pas envoyée que sur son terrain de prédilection. Les « grands bérets (9) » se retrouvent aussi bien en Centrafrique ou à la Réunion que partout où l’armée de Terre est engagée. Toutefois, le dernier grand engagement spécifiquement montagne de la brigade fut l’Afghanistan. Elle y a été engagée de façon prioritaire durant les quatre hivers successifs de 2008 à 2012. C’était important pour la brigade de savoir où elle en était. Le RETEX de cet engagement est en cours de publication au CDEF, mais, à en croire le lieutenant-­colonel Franck (10), chef du bureau montagne, pas de révolution doctrinale, plutôt une confirmation. « Il en ressort très concrètement que c’est notre formation technique en montagne – celle qui nous apprend à regarder le terrain, à rester toujours très autonomes grâce à nos capacités physiques et techniques, qui nous dicte que nous ne devons pas être bloqués par le terrain – qui a réellement servi au combat. Au-delà des règles classiques (liberté d’action, grands principes de la guerre), notre principe de combat de montagne s’avère hyper efficace, nous permet de gagner des délais, d’anticiper les différentes positions intéressantes et, comme nous avons cette capacité à franchir les obstacles, nous pouvons aller tactiquement où nous le voulons. Il s’agit bien du cœur de notre doctrine qui veut qu’au lieu de subir les obstacles, nous allions là où la manœuvre nous l’impose, arriver par le haut, pour surprendre l’ennemi et avoir une action bien supérieure. Dans les quatre déploiements que nous avons faits, nous avons conservé la manœuvre, grâce aux qualités techniques et physiques des gars », explique‑t‑il.
Les principes de la guerre en montagne (voir encadré) restent intangibles. Ce qui change – à la marge donc –, c’est l’utilisation de matériels spécifiques plus modernes, comme les VBHM, le canon de 155 mm CAESAR, ou l’emploi plus facile de l’hélicoptère pour s’affranchir du relief. Et encore ! L’hélicoptère peut être un piège. Notre chef du bureau montagne raconte cette histoire assez éloquente : « En Afghanistan, lors du premier GTIA du 27, avec la Task Force Tiger, un hélicoptère avait posé une section pour une grosse manœuvre sur un point haut afin d’aller déborder l’ennemi. Mais il s’est avéré qu’en fin de mission, l’hélicoptère – alors demandé autre part – n’a pu revenir les récupérer. Les gars ont fait une retraite qui a marqué les esprits : plus de 1 000 m de dénivelé négatif avec des chargements entre 30 et 40 kg. Mais ils n’ont rien laissé sur place ! Une volonté du commandement. S’ils n’avaient pas été des alpins entraînés et physiquement aptes, ils auraient abandonné beaucoup de matériel, ce que font beaucoup d’autres armées… »

Le froid, mais aussi le chaud
Et le combat en montagne dans les zones chaudes ? La contrainte est identique, expliquent ces alpins. Si les principes tactiques adaptés au relief restent les mêmes, la chaleur ne serait pas une gêne, « puisque l’alpin a compris comment marchent le chaud et le froid et s’adapte très vite aux changements de posture  », expliquent-ils. Dans l’armée, lorsque l’on parle d’actes réflexes (se poster, tirer, etc.), les troupes alpines en ont ajouté un supplémentaire : s’équiper/se déséquiper. Alors, pourquoi n’envoie-t‑on pas en priorité ces alpins dans l’adrar des Ifoghas, cette zone « montagneuse » du nord du Mali, sanctuaire des insurgés ? En raison des plannings de projection de l’armée de Terre, et parce que les reliefs y sont assez peu importants, relèvent les officiers de la brigade, « tout à fait franchissables par des unités d’infanteries aguerries  ». Le GMHM de Chamonix y avait toutefois effectué une escalade rocheuse quelques années avant l’ouverture du théâtre. Leur expérience a servi à l’armée française, explique-t‑on, pour décrire le terrain. Le GMHM aura ainsi joué son rôle de conseiller technique humain pour les unités engagées.
En revanche, la brigade a mis en place depuis peu une alerte « Guépard Montagne ». Tous les jours de l’année, elle entretient cette capacité de projection rapide d’une section de commandos montagne et d’instructeurs spécialisés qui pourraient effectuer une « entrée en premier » sur un théâtre montagneux, envoyer des spécialistes capables d’aider rapidement au franchissement (en équipant une falaise de mousquetons pour permettre à une unité non spécialisée de la franchir, par exemple). Plus que tout, c’est cette capacité à durer – qui suppose une expérience patiemment acquise – qui caractérise les troupes de montagne. Une force morale sans faille pour tenir malgré les conditions climatiques et l’isolement, mêlée à un sens prononcé de l’initiative. Car, plus que jamais, les zones montagneuses restent des zones de refuge, qu’il convient de savoir maîtriser.

Notes
(1) Du nom du massif éponyme, situé à proximité du col du Galibier, lequel sépare les Hautes-Alpes de la Savoie.
(2) Ce champ de tir est non permanent et, s’il est référencé, les terrains appartiennent aux communes avoisinantes.
(3) Les choses évoluent cependant, le commandement souhaitant « générer de l’incertitude », en favorisant une manœuvre plus mobile.
(4) L’EMHM forme les cadres (officiers, sous-officiers) de la brigade de montagne, ainsi que des stagiaires étrangers.
(5) Initialement, l’armée de Terre devait en compter 200…
(6) Véronique Sartini « “EXPHIB 2013”. Le 21e RIMa expérimente le VHM », DSI no 97, novembre 2013.
(7) BOI : Bureau Organisation et Instruction.
(8) Chaque unité de la brigade dispose d’un petit Groupe de Commando Montagne (GCM), composé d’une trentaine d’hommes choisis parmi les meilleurs, un peu plus endurants et mentalement plus solides. Considérés comme faisant partie du deuxième cercle des forces spéciales, ils sont là pour favoriser l’engagement de la brigade et ne travaillent qu’à son profit.
(9) C’est ainsi que les Africains nomment les chasseurs alpins, en raison de leur béret (ou « tarte », comme ils l’appellent).
(10) Pour des raisons de sécurité, nous n’avons plus l’autorisation de publier les noms de famille des militaires (hors chefs de corps et officiers généraux).

<strong>Historique des troupes de montagne</strong>
Créées en 1888 pour défendre la frontière des Alpes, en particulier de l’Italie nouvellement unifiée, les troupes de montagne constituent, dès leur origine, une force interarmes spécialisée dans le combat en montagne. Précurseurs de la pratique collective de la montagne, elles contribuent largement à l’introduction du ski en France. C’est la Grande Guerre qui les fait entrer dans la légende, au prix de nombreux sacrifices sur tous les fronts : Macédoine, France, Italie… Elles acquièrent le statut de troupes d’élite dont les chasseurs, surnommés « les diables bleus » par l’adversaire, sont redoutés. Ils sont engagés au cours de la Deuxième Guerre mondiale en Norvège (Narvik-Namsos), sur le front nord-est, et surtout dans les Alpes. Dès 1942, les soldats de montagne écrivent une nouvelle page de leur histoire avec leur entrée dans la Résistance. À la Libération, la 27e division d’infanterie alpine sera la première grande unité reconstituée à partir des maquis. En 1945, les troupes de montagne occupent une partie de l’Autriche face à la menace soviétique. Entre 1955 et 1962, elles participent aux « opérations de pacification » en Kabylie. À partir de 1983, elles rejoignent la Force d’action rapide. Dès lors, elles découvrent les opérations extérieures et leur cadre d’emploi habituel s’élargit : Liban, ex-Yougoslavie (mont Igman). La 27e brigade d’infanterie de montagne est professionnalisée depuis 1999. Elle a été engagée en Afghanistan au cours des quatre hivers des années 2008 à 2012.
<strong>Composition de la 27<sup>e</sup> BIM</strong>
  • Le 4e régiment de chasseurs (4e Rch) de Gap ;
  • le 7e bataillon de chasseurs alpins (7e BCA) de Varces ;
  • le 13e bataillon de chasseurs alpins (13e BCA) de Chambéry ;
  • le 27e bataillon de chasseurs alpins (27e BCA) d’Annecy ;
  • le 93e régiment d’artillerie de montagne (93e RAM) de Varces (Grenoble) ;
  • le 2e régiment étranger de génie (2e REG) de Saint-Christol (Apt) ;
  • la 27e compagnie de commandement et de transmissions de montagne (27e CCTM), basée à Varces ;
  • le groupement commando montagne implanté dans chacune des unités.

Dans le cadre du plan de réorganisation « Au Contact » de l’armée de Terre, la brigade devrait gagner près de 600 personnes durant toute l’année 2016 : une compagnie d’infanterie (117 personnes) par bataillon de chasseurs alpins ; un escadron de 90 personnes au 4e RCh ; et une compagnie du génie de 90 personnes au 2e REG.
Pas d’augmentation d’effectifs pour le 93e RAM ; en revanche, il se réorganise à trois batteries (au lieu de deux) pour mieux s’adapter aux projections.
Il faudra ensuite compter six mois pour former les jeunes recrues : quatre mois en formation initiale, puis deux mois en formation spécifique en régiment.

<strong>CAESAR</strong>
En appui de l’exercice, une batterie CAESAR est placée dans une vallée ; il est prévu qu’elle puisse tirer une centaine d’obus dans la journée. Particularité du tir en montagne : il faut prendre en compte la difficulté à évaluer les distances, c’est le rôle des observateurs avancés. La partie « technique tir » doit aussi prendre en considération l’inclinaison des pentes (droite, gauche, profondeur et hauteur). La météorologie a aussi son importance : sachant que les variations météo sont beaucoup plus importantes en montagne, les obus vont être soumis à des perturbations plus fortes qu’en plein désert. En montagne, le CAESAR permet d’effectuer des tirs à 38 km. Combien de temps faut-il pour préparer un tir ? Entre le moment où l’observateur avancé donne les éléments de tir et l’ouverture du feu, il faut compter trois minutes. Plus facilement manœuvrables en montagne (jusqu’ici, les canons tractés de 155 mm ne pouvaient passer le col du Galibier). En Afghanistan, les CAESAR déployés depuis les FOB offraient en permanence une capacité d’appui dans la zone d’engagement. Une garantie d’avoir la supériorité.
Les échanges avec les alliés sont nombreux, en particulier avec les armées de l’arc alpin (Allemagne, Autriche, Italie, Suisse), qui disposent de la même logique d’autonomie que la 27e BIM. Les Suisses disposent ainsi d’une très bonne expertise de sauvetage en montagne, dont les chasseurs alpins français sont friands. Avec les Alpini italiens, les activités communes sont plus difficiles à monter en raison du rythme opérationnel dense des deux armées.
<strong>Mortier</strong>
Lorsqu’une demande d’appui est formulée de la part de fantassins ou de cavaliers, elle passe par les observateurs avancés (eux-mêmes artilleurs), lesquels font part de la demande au PC, qui attribue le tir à une section (entre deux et quatre pièces en fonction du besoin), donne la direction de tir et la hausse du tube adaptée. Sur place, les équipes de pièce n’ont plus qu’à afficher les données, à confectionner la charge correcte. Chaque pièce est servie par six personnes : un chef de pièce, un pointeur chargé de toutes les opérations de réglage, un artificier qui confectionne les charges sur les obus, un pourvoyeur, un pilote (celui qui conduit le VAB) et un chargeur tireur qui met l’obus dans le tube et tire sur la ficelle pour déclencher le tir. À côté du mortier, le goniomètre sert à pointer correctement le tir.
L’avantage du mortier repose sur sa rusticité et sa rapidité de mise en œuvre. Situé dans la manœuvre directement derrière les troupes appuyées, il est donc rapidement en mesure de délivrer les feux, d’une portée de 8 km en montagne. En moins de dix minutes, une section bien drillée est prête au tir. Par ailleurs, les artilleurs du 93e RAM apprennent le raid mortier héliporté (élingage du mortier), afin d’être capables de battre des zones situées hors de portée des lanceurs ou de certains itinéraires d’infiltration. La condition physique des hommes est une fois de plus essentielle, car il faut alors porter à quatre trois fardeaux de 200 kg pour déplacer le mortier… Il existe une procédure dite « de long feu », quand un obus n’a pas explosé (n’est pas parti du tube) : un laps de temps pyrotechnique, plus ou moins long en fonction des lots (dix minutes en moyenne) empêche tout mouvement autour du mortier dans un périmètre assez large avant qu’un artificier plonge son bras pour faire ressortir l’obus du tube…
Article paru dans DSI Hors-Série n° 46, février-mars 2016.
0
Votre panier