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La Suède dans l’OTAN, quelles conséquences pour la stratégie navale en Baltique ?

Comment voyez-vous la situation géostratégique de la région Nordique après l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN ?

Lars Wedin : La zone nordique et baltique apparaît comme un ensemble géopolitique entouré de mers : la mer de Barents, la mer de Norvège, la mer du Nord et la mer Baltique. Une stratégie maritime, dans le sens de Corbett, serait donc naturelle. Il convient toutefois de distinguer trois sous – domaines.

La zone la plus septentrionale est la calotte Nord avec la mer de Barents et la mer de Norvège. Stratégiquement, elle est liée à plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’Arctique, avec la navigation et l’extraction d’autres ressources, devient de plus en plus important à mesure que la glace polaire fond. Deuxièmement, c’est le « bastion » où la Russie a basé ses sous – marins nucléaires stratégiques. Troisièmement, et c’est peut-être le plus important, la mer de Barents et la mer de Norvège sont la voie d’accès à l’Atlantique pour les forces navales russes.

D’un point de vue stratégique, la zone de la mer Baltique commence dans la mer du Nord et s’étend, via les débouchés de Baltique, dans la mer Baltique proprement dite, y compris la mer de Botnie. Tous les États de la région nordique et baltique dépendent de cette voie de communication. Il y a deux aspects principaux à cela : premièrement, la navigation marchande vitale et, deuxièmement, la capacité de l’OTAN à renforcer les États de la région en cas d’agression russe. Göteborg est le plus grand port de Suède et de Norvège, mais d’autres ports suédois importants sont Stockholm (Norvik), Gävle et Luleå. Pour la Finlande, les États baltes et la Pologne, le transport maritime via la région de la mer Baltique est vital.

La troisième zone est la longue frontière avec la Russie, de la calotte Nord à Kaliningrad – avec une séparation pour le golfe de Finlande. En termes de stratégie continentale, la Pologne et l’Allemagne peuvent être considérées comme appartenant à l’Europe centrale. Si l’OTAN commande la mer Baltique, il sera possible de faire changer la direction principale militaire selon les circonstances.

L’ensemble de la zone est lié de plusieurs façons. La plus évidente est la communication par voie maritime et aérienne. Pour la Russie, il est manifestement important de pouvoir relier les bases du nord à Saint-Pétersbourg et à Kaliningrad. Les trois navires de débarquement qui ont visité la mer Baltique en route vers la mer Noire juste avant le déclenchement de la guerre le 24 février en sont la preuve. Mais en temps de guerre et de crise, il est également important que la Russie puisse déployer des sous – marins de la flotte du Nord contre nos lignes de communication en mer du Nord, dans la mer Baltique et ses débouchés. Les armes de longue portée sont un autre facteur d’unification. Une corvette avec des missiles Kalibr peut frapper Stockholm depuis la mer Blanche !

À propos de l'auteur

Lars Wedin

Capitaine de vaisseau (R) de la marine suédoise, ancien rédacteur du Tidskrift i Sjöväsendet (TiS) de l’Académie royale des sciences navales et membre associé à titre d’étranger de l’Académie de marine.

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