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Quelles évolutions des relations internationales ?

Les attentats du 11 septembre 2001 à New York ont profondément marqué le début du XXIe siècle, entraînant les États-Unis et le monde dans une guerre contre le terrorisme. Quel a réellement été l’impact de cet événement et quelles ont été ses conséquences sur les relations internationales  ?

P. Grosser : Le 11-Septembre n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. La déclaration de guerre de Ben Laden (« Déclaration du Front islamique mondial pour le djihad contre les Juifs et les Croisés ») est publiée le 23 février 1998. La réaction des États-Unis constitue une aubaine pour un certain nombre de pays en guerre contre le terrorisme : Israël aux prises avec la seconde intifada (qui débute en 2000), l’Inde qui s’est opposée aux incursions du Pakistan (crise de Kargill, 1999), la Russie qui entre dans la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2000) ou la Chine confrontée aux attentats dans le Xinjiang (1). L’Organisation de coopération de Shanghaï, qui réunit notamment la Chine et la Russie, a d’ailleurs été créée en juin 2001, juste avant les attentats du 11-Septembre, et elle prévoyait justement dans la liste de ses objectifs la lutte contre le terrorisme.

Si la menace terroriste — sous-estimée par l’administration Bush — lui pré-existait, le 11-Septembre constitue un tournant historique qui entraîne les États-Unis dans une guerre mondiale contre le terrorisme, dont le coût sera estimé à plus de 8000 milliards de dollars, et qui causera la mort de plus de 900 000 personnes (2).

Aujourd’hui, les Américains ont tendance à penser que cette guerre était une erreur, car la Chine en a profité pour s’affirmer dans sa région, puis dans le monde. En parallèle, l’armée américaine s’est concentrée sur la contre-insurrection, au détriment de ce que, depuis 2016, le Pentagone nomme la « compétition entre grandes puissances ».

La question est de savoir si la « guerre sans fin » contre le terrorisme, devenue « guerre de vingt ans » (2001-2021, avec l’évacuation de l’Afghanistan), est terminée. À en juger par ce qui se passe au Moyen-Orient et en Afrique, la question garde tout son sens.

Depuis 2000, la scène internationale se caractérise par l’émergence de nouveaux centres de pouvoir et d’influence à l’échelle régionale ou internationale. Se dirige-t-on irrémédiablement vers un monde multipolaire  ?

La question de la multipolarité s’est posée au lendemain de la guerre froide, dès 1990. Certains pensaient que nous allions entrer dans un monde multipolaire (notamment avec la montée en puissance du Japon et de l’Allemagne). Moscou, Pékin ou Paris espéraient une certaine multipolarité. Mais à partir de 1994, on se rend compte que le monde est plutôt unipolaire. Ce constat prend une ampleur considérable au début des années 2000 avec la guerre contre le terrorisme, et un discours impérial assumé par une partie de la droite américaine.

Mais la situation change dans les années 2007-2008. Nous passons d’un président (George W. Bush) unilatéraliste, qui voyait le monde de façon unipolaire, à un Barack Obama multilatéraliste dans un monde qui lui semble multipolaire. Puis arrive un Donald Trump unilatéraliste dans un monde qu’il considère comme multipolaire. 

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